Neutralité carbone, de quoi parle-t-on ?

Mis à jour le 23/08/2023 Lucie FRADET, communicante responsable

Vous avez sûrement entendu parler de la neutralité carbone. Si ce n'est pas le cas, il s'agit d'un des objectifs pris lors de l'Accord de Paris sur le climat en 2015. Avec comme second objectif la réduction de l'empreinte carbone, cet accord cherche à limiter la température sous les 1,5°C de réchauffement, et ce d'ici à 2050.

Mais, de quoi parle-t-on concrètement quand on évoque la neutralité carbone ?

État des lieux

Le carbone est présent naturellement dans l'atmosphère. Cependant, les activités humaines rejettent une quantité telle que le réchauffement climatique ne cesse de s'emballer.

Pour se faire une idée plus précise : les réservoirs naturels (sol, océans, forêts) éliminent 9,5 à 11 gigatonnes de CO2 par an tandis que les émissions mondiales grimpent à 37,1 gigatonnes en 2017.

Définition de la neutralité carbone

Si l'on prend la définition donnée par le Parlement Européen, la neutralité carbone désigne "l'équilibre entre les émissions de carbone et l'absorption du carbone de l'atmosphère par les puits de carbone".

On ne parle donc pas d'atteindre les zéro émission CO2 mais bien d'un équilibre. Ce terme met l'accent sur deux façons d'atteindre la neutralité carbone :

  • Réduire l'empreinte carbone grâce à des leviers d'action à tous niveaux et tous secteurs confondus ;
  • Compenser les émissions grâce à des systèmes capables d'absorber le CO2.

Évoqués précédemment, les puits de gaz à effets de serre naturels, comme les forêts ou les océans, sont des systèmes de compensation. Mais ils ne suffisent pas. Les puits artificiels, le financement de projets comme la plantation d'une forêt ou des projets d'énergies renouvelables sont aussi des techniques de compensation.

Les limites de la neutralité carbone

Confrontation des deux stratégies

Le neutralité carbone met en avant deux stratégies : la réduction et la compensation. Il est donc possible d'atteindre la neutralité carbone uniquement par la compensation. Un acteur peut continuer à émettre des émissions de gaz à effets de serre, et donc polluer, mais en payant pour compenser.

Il faudrait pourtant miser sur la réduction pour une action rapide. En effet, si l'on prend l'exemple de la plantation d'une forêt, l'acteur qui finance continuera à émettre des GES tandis que la forêt met plusieurs années à pousser et par conséquent à être en capacité d'absorber ces émissions.

Et les autres gaz à effets de serre ?

Dans sa définition, le Parlement Européen ne prend en compte que le CO2. Même s'il représente 75% des gaz à effets de serre mondiaux d'origine humaine, il faudrait pouvoir ajouter le méthane à l'équation qui englobe 20% des GES.

Émissions directes, indirectes et élargies

Quand on parle de neutralité carbone, il faut être capable de calculer ses émissions de CO2. Mais le résultat peut être très différent en fonction du périmètre choisi.

3 périmètres :

  • Les émissions directes (scope 1) : les émissions de CO2 émises directement par l'individu par la consommation d'énergies fossiles.
  • Les émissions indirectes (scope 2) : les émissions générées par la consommation électrique par exemple. La consommation n'émet pas de CO2 directement mais sa production oui.
  • Les émissions élargies (scope 3) : toutes les émissions liées à la consommation de l'individu : fabrication de son ordinateur, production de l'alimentation, ...

Selon l'étude "Taking stock : a global assessment of net zero targets", seulement 27% des 2000 plus grandes entreprises mondiales ayant pris un engagement de neutralité carbone ont basés leurs calculs sur le scope 3.

En savoir plus :

L'avis de l'ADEME sur la neutralité carbone : décryptage

Neutralité carbone : le grand n’importe quoi des allégations climatiques

Neutralité carbone : définition, objectifs et enjeux

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